Extraits de "Alice Springs et autres nouvelles"

Biarritz

…….Sarah suivait Louis du regard, évaluant son esprit de décision devant les œufs brouillés, les petites saucisses au vinaigre et le thé qu’il choisirait. Il s’était servi très prudemment des assortiments légers et pouvant très bien aller ensemble. Elle y avait vu des signes encourageants, sans fautes de gout. Sarah fait partie des jeunes femmes qui savent avant d'avoir appris ; elle s'était fondue si facilement dans le cérémonial de la Rotonde en parlant de la pluie de la veille et du soleil attendu pour demain, de sa tante Jacqueline qui adorait le polo, de la plage des Basques qu'elle ne fréquentait que les jours de grand vent, à l'automne, de son chat qui l'attendait sûrement, et de toutes sortes de choses tant qu’il ne s’agissait pas d’elle et de ce qu’elle faisait de sa vie.

 

Alice Springs

Curieuse, elle se pencha un peu en avant, pour voir si le voyageur pouvait ressembler à un pilote d’avion convenable. Elle était décidée, par jeu, à être indulgente, mais décidément ce type ressemblait parfaitement à un employé de commerce anonyme, presque insignifiant, et tout fait incapable de la faire voler.

Londres

En une seconde, peut être deux, pas plus, tout avait paru évident à Simon : Mathilde qui aimait tant le Muséum pourrait y rester.  Personne ne savait qu’elle était à Londres encore moins avec qui. La petite troupe se déplaçait et s’éloignait du sarcophage pour, contempler Néhebkaou, le dieu serpent. Simon avait prétexté un bas-relief remarquable pour rester en arrière et entrainer Mathilde derrière une colonne particulièrement large pour lui montrer un hiéroglyphe splendide, artistique et précis qui décrivait, d’après Blandine, le passage de la vie à la mort...

Mariage

Ce fut le tour d’Elodie plus grave, cette fois, redressée et attentive, elle  s’assura du silence, et réfléchit un instant, regardant dans le vague, attendant malgré elle, un encouragement de ce prêtre  devenu maintenant si proche. Elle avait  répété des dizaines de fois cette séquence, espérant que  son « oui » serait un engagement net,  éclatant et sincère.  Malgré toutes les répétitions, la veille avec sa cousine Catherine, et malgré toute sa volonté, elle s’était engagée, assez vite, d’une façon métallique, presque absente et déjà mélancolique.

Au parc Bordelais

Julie ne dormait plus et regardait, appliquée et attentive à ne pas effrayer l’artiste se prenant  doucement dans la toile. Elle ne bougeait plus, et respirait à peine un peu plus vite, pour souligner davantage sa petite poitrine. Il avait souri, à cause du soleil qui achevait le tour de l’arbre et le mettait en pleine lumière.  Il devait être assez grand, peut être quarante ans, avait le visage rassurant, et s’habillait simplement d’un pull vert et bleu. Paul, calmement, continuait le portrait de Julie et comme on s’approche d’un oiseau,  avait gagné du terrain, d’un pas, et puis d’un autre. Ils pouvaient maintenant se parler mais gardaient ce moment inévitable pour tout à l’heure. Paul aurait la parole à la fin du dessin,  Julie le savait et attendait sans impatience

Soulac sur mer

Le matin, le temps était clair et presque frais. C'était sans doute le vent léger qui faisait frissonner Lucie. Sa robe blanche était sans doute un peu trop estivale pour ce matin particulier. Elle passerait au bar des Amis une première fois en repérage d'un pas assez rapide, sûrement le cœur battant, elle mettrait ses lunettes de soleil malgré l'heure matinale et selon le cas repasserait une deuxième fois, peut-être une troisième, mais pas davantage.
Elle déciderait alors. Repartir si Antoine était absent. Repartir si son cœur avait ralenti en le voyant. Repartir si le cœur s'emballait trop. Repartir si ce succès suffisait. Repartir si elle ne trouvait pas les mots. Repartir.

Repartir ou bien rester.


Estuaire

Marlène avait raconté une histoire, dont je ne sais plus rien maintenant ; j’ai tout oublié sur le champ. Je me rappelle que de la brume plus tenace à cet instant, froide, pénétrante, irréversible, avait tué le soleil pour toujours

Le jour où...

C’était un dimanche, un jour plus désarmé, le soleil s’était échappé pour la journée, la maison était vide et silencieuse, un jour où je ne pouvais pas briller, où mes tours étaient inutiles et invisibles. La fenêtre a claqué, ouverte par le vent d’hiver.......

Créez votre propre site internet avec Webador